Il était une fois un carosse qui avait beaucoup voyagé. Il avait vu la grande et petite bretagne, il avait vu les montagnes. Le voilà donc aujourd'hui bien fatigué. Il tousse tout ce qu'il sait, il ne semble plus bon à grand chose.
Pourtant, confiant ou inconscient, son propriétaire décide de l'ateller pour une nouvelle quête : au pays des gens heureux, deux amis devaient se promettre l'un à l'autre. Comment le vieux carosse pourrait-il remplir sa mission ?
Et pourtant, le voilà, tant bien que mal, chargé comme un baudet, avec ses trois passagers, se dirigeant vers la terre de réjousissance. Alors qu'il crachait et suait, le voilà prit dans un ralentissement aux alentours d'Orléans. Terre propice aux miracles, je ne serais celui qui le déclarera. C'est pourtant à ce moment là que, pensant vivre ses derniers instants, il cracha non pas une fois, ni deux fois, mais trois fois. Pris d'un soudain afflux de sève ravigorante, comme une rivière de coca dans un gosier asséché, ou de whisky dans un fois abimé, il s'élança. Lui qui pênait tellement à atteindre des 110, le voilà volant, slalomant et s'envolant litteralement au-dessus des autres attelages.
Comment ce carosse ne pouvait-il pas se sentir fièr de l'exloit qu'il venait de réaliser ? Comment ne pouvait-il se laisser griser par l'idée que grâce à sa jeunesse retrouvée, toute la bande de joyeux drilles avait passé le plus beau des week-ends ? Par un miracle de l'amour, il pensait avoir retrouvé sa pleine santé.
Plein de ses fous espoirs, le voilà proposant à droite et à gauche ses services. Ce ne fut donc plus à 3, mais à 4 passagers que se fit le voyage de retour. Il fallait le voir, conduisant plus facilement que le conducteur lui-même s'assoupissait. Combien de Mercedes, combien de Porsche avait-il distancé dans un nuage de poussière ? Le voilà, fièr carrosse, repassant sans même s'en appercevoir, devant la ville d'Orléans, qui vit sa renaissance. Vole Papillon, vole, tant que tu peux ...
Car voilà Paris qui revient. Voilà Paris qui se rapproche et qui t'englobe et t'avale. Tu luttes, tu te débats, tu veux crier, mais ta gorge se noue. Tu ne peux que te rendre à l'évidence, c'est la fin de ton escapade. Mais tu ne t'avoueras pas vaincu si facilement. Tu vrombis et te revoilà parti. Les deux premiers passagers sont déposés. Tu t'accroches, tu sues. Le troisième est à bon port. Tu tousses, mais ne lâche pas prise. C'est la dernière ligne droite. Tour de roue après tour de roue, tu te traînes jusqu'au bas de l'immeuble. Tu repères la place qui par chance t'attendait. Et tu t'écroules. Tu n'en peux plus, mais qui te le reprocherait ? Sans même sentir la clef qui se retire du contacte, ni les mouvements autours du coffre, des fenêtres et des portières, tu t'endores. Tu rêves de ce voyage, pour ce marriage, qui t'a permis de retrouver pour un temps les ailes de ta jeunesse. Car ce week end là, c'est sur ce petit carosse que l'amour de deux amis avaient décidé de se pencher.